Des dangers du microcosme ludique

Imaginons la situation suivante...

Marché du médicament libre service.
Un magazine, distribué en kiosque, présente les nouveautés, fait des dossiers et évalue l'efficacité de différents médicaments : certains articles présentant des nouveautés sont fournis par des laboratoires,  l'origine de ces articles n'est pas forcément cachée mais elle n'est pas non plus affichée.
Il existe aussi un site communautaire présentant les différents médicaments du marché : fiches descriptives avec avis des patients, forum d'échange, actualité du médicament, vidéos, etc. Le patron d'un laboratoire possède, à titre privé, une part significative du capital de l'entreprise qui fait marcher le site.
De plus, un salarié du laboratoire en question intervient dans le magazine ou sur le site pour publier des articles et des news.

Choquant, non? Le citoyen lambda ne manquerait pas de se poser des questions sérieuses sur les risques d'une telle situation.

Pourquoi ne nous les posons-nous pas dans le milieu du jeu?
Car la situation que je viens de vous décrire existe bel et bien et concerne Ravage, Tric Trac, Asmodée et Croc (pour les histoire de capital de Tric Trac, allez voir le forum).
Attention, je n'ai pas dit que les entités, entreprises et personnes cités ont bien dérapé, ce n'est à priori pas le cas mais la situation me semble très malsaine.
Lorsqu'un magazine comme Ravage publie des articles fournis par les éditeurs sans le mentionner clairement, lorsque l'entreprise qui gère Tric Trac appartient à 49% au patron d'Asmodée et que Croc, salarié d'Asmodée, écrit des articles dans Ravage et publie des news sur Tric Trac, on est en droit de se poser quelques questions.
Sous prétexte que le marché qui nous intéresse est un marché de loisir, on a vite fait d'enterrer nos inquiétudes : on est là pour s'amuser, ce n'est que de jeux dont on parle, etc. Sur le forum Tric Trac, la moindre allusion finit en bain de sang pour le malheureux qui ose la poser...
Or on parle bien de marché, d'enjeux financiers, d'éthique professionnelle. Bref, de choses tout à fait sérieuses auquel il faut faire attention.

Attention à ne pas confondre petite communauté sympa avec liberté d'oublier l'éthique.

C'était mon dernier coup de gueule de l'année. :)

Et pour ne pas finir uniquement sur un coup de gueule, voici ce que je pense suffisant pour désamorcer le problème.

Ravage devrait préciser l'origine de ses articles, en particulier lorsqu'ils viennent d'éditeurs. Je pense aussi intéressant de présenter un mini-cv du pigiste lorsqu'un de ses articles est publié. Ainsi chacun pourrait avoir les informations essentielles pour juger de sa qualité.

Tric Trac devrait faire de même pour ses news et donner des informations sur leur auteur. Il me semblerait également plus transparent de mettre en place une page explicitant le montage financier de l'entreprise, cela serait bien plus constructif que de monter sur ses grands chevaux lorsque des personnes se posent légitimement des questions.

Les employés des entreprises du marché, tel que Croc, devrait déontologiquement ajouter leur statut dans leur signature lorsqu'ils interviennent sur des forums dédiés à ce marché.

Il ne s'agit que de pratiques simples et faciles à mettre en oeuvre.

Comments

[gilel]

De toute façon, il ne faut pas se leurrer : le microcosme du loisirs ludique français (et parisien de surcroit) n'a rien du monde des bisounours.
Il est composé de clans, de rancœurs, de copinage etc.
François, c'est bien que tu pousses un coup de gueule de temps en temps mais pour ne pas se ronger les sangs, il faut s'en détacher très vite et ne retenir que le plaisir ludique. ;)

[treps]

Je crois que le marché de niche dans lequel se trouve les jeux que nous pratiquons ne permet pas réellement d'alternative à cet état de fait. Juste pour mémoire (les grands anciens s'en rappelleront sans doute) :
- Le magazine Casus Belli (première version) était produit par des salariés de Jeux Descartes, avant son intégration chez Excelsior Publication (Maison mère de Jeux Descartes). Les noms des chroniqueurs et rédacteurs récurrents se retrouvaient d'ailleurs quasiment tous dans les noms des personnes participant aux production de Jeux Descartes (comme concepteur, traducteur, illustrateur, etc...). Ces noms se retrouvent d'ailleurs pour certains aujourd'hui chez Asmodée...
- Le magazine Jeux et Stratégie était lui aussi édité par la même maison Excelsior
- Le magazine Casus Belli (deuxième version) était édité par une société dont le dirigeant était aussi celui de Multisim, alors éditeur de jeux de rôles et de plateau
- Le magazine Lotus Noir (ainsi que ses petits frères comme Dragon Blanc, Backstab, Dragon Rouge, et plein d'autres titres) a été édité par Halloween Concept puis par Darwin Concept et enfin Play Factory, tous éditeurs de jeux de cartes, jeux de rôles et jeux de plateaux
- Aux états Unis les magazines "Dragon" et "Dungeon" ont toujours été publiés par TSR (puis Wizard of the Coast, puis Hasbro et enfin Paizo)
- White Dwarf, avant de devenir le catalogue mensuel que l'on connait était publié par Games Workshop, à l'époque éditeur et importateur de jeux
Je vais m'arrêter là mais la liste pourrait encore être longue.

Globalement ça montre que depuis 30 ans la presse Jeux de rôles et jeux de stratégie, y compris celle qui se disait indépendante et généraliste, a toujours été plus ou moins (plutôt plus que moins d'ailleurs) sous l'emprise d'un ou plusieurs éditeur de jeux. Les questions bien légitimes que tu poses sur les conflits d'intérêt concernant les personnes impliquées dans ces magazines d'information ont toujours existé et ont toujours été éludées ! D'ailleurs, au moins en France, depuis 30 ans on retrouve assez souvent les mêmes noms (par exemple l'omniprésent Croc que l'on peut retrouver, entre autres : dans Casus Belli, Dans Lotus Noir, Dans Ravage, Chez Asmodée, etc.)

Le fait que ce soit la même chose pour Tric-Trac aujourd'hui n'est qu'une évolution dans le 21e siècle de ce qui se passait dans la presse papier auparavant... A chacun de se faire son idée et de fair ela part des choses...

Et tout ça c'est sans parler des sociétés éditrices de magazines indépendants qui se sont mis à éditer eux même des jeux (Trauma pour Chroniques d'Outre Monde, Empires & Dynasties ou Hurlements pour Dragon Radieux, etc....)

[fbruntz]

La comparaison avec le marché de la santé est voulu et assumé afin de marquer les esprits.
Parce que le marché qui nous concerne est celui du loisir alors il faudrait laisser passer ces entorses à la déontologie?
Ce n'est à mon avis pas chercher le mal de pointer du doigt des situations qui pourraient (j'insiste bien sur le conditionnel) mal tourner.

Cela ne dérange donc personne que le PDG d'Asmodée (plus gros éditeur de jeux de plateau français) possède 49% des parts de l'entreprise qui fait fonctionner l'incontournable site communautaire du jeu de plateau? Moi cela me met mal à l'aise surtout quand ce n'est pas vraiment assumé.

[Teddy]

Le WD est justement plus clair là-dessus, ils annoncent très clairement la couleur. C'est un magazine de promotion pour les produits GW, à prendre tel quel.

Même si ce n'est pas aussi critique que la santé, le mécanisme est le même. Le lecteur dépense des sous pour des tests objectifs, pas de la promotion. Pour ma part je ne les dépense pas, trouvant mieux sur le Web (le blogurizine entre autre, miam miam... ^ ^). Le manque de neutralité étant un des aspects qui me font délaisser la presse papier.

[rafpark]

Sauf que tu compare un système de santé avec un monde ludique, il y en a un qui concerne la vie d'autrui, l'autre pas.
Je trouve que tu y va un peu fort et cherche le mal où il n'y en a pas.
Le site de TT est plus un forum et une base de données avec des news à titre d'info, la critique des jeux qui fait le classement se fait par les utilisateurs pas par les administrateurs.
Pour Ravage je suis d'accord que les derniers numéros manquent de quelque chose mais ça reste assez informatif. Ca permet d'avoir des photos, des dates de sorties, des explications de règles, des scénars supp, etc etc. Tout comme je ne vais pas prendre pour parole d'évangile un WD que je n'achète que rarement de toute façon.
D'ailleurs avec ton intro j'ai cru que tu allais parler de ça en fait :D
@+