Cinéma - Robin des Bois

Vu au cinéma, Robin des Bois de R. Scott.

Roh! Encore une adaptation de Robin des Bois dira-t-on. Pas tout à fait car ici il s'agit d'une sorte de prequel, un film racontant le retour du fameux Robin en Angleterre, juste avant qu'il ne devienne un hors la loi et la légende que l'on connaît tous. On tient là un film au scénario original qui nous donne une vision plus réaliste que légendaire du personnage et de ceux qui l'entourent : on y retrouve donc un Robin plutôt humain (ie avec quelques faiblesses mais pas trop quand même parce que c'est le héros du film), une Marianne pleine de caractère (et pas la potiche habituelle), un Richard Cœur de Lion pas franchement sympathique et un prince devenu roi Jean plein de contradictions. On y ajoute une réalisation réussie et l'on obtient un excellent film?

Euh... Presque... On passera les clichés sur les français (le roi Philippe Auguste mange des huitres à Fontainebleau par exemple et n'est pas vraiment décrit comme le grand monarque qu'il fut) qui sont forcément très méchants puisqu'ils pillent les villages anglais (alors qu'il est normal pour Richard Cœur de Lion de financer son retour en Angleterre en mettant à sac tous les châteaux français sur son chemin...) et qu'en plus ils veulent envahir l'Angleterre!
Et c'est là que tout le film s'effondre : la bataille finale est tout simplement délirante, même pour un film hollywoodien. Attention aux spoilers à partir d'ici.
Bon, les Français débarquent en Angleterre et leur flotte n'a pas grand chose à envier à celle des alliés en 1944 en Normandie avec, en particulier, des navires de débarquement sortis tout droit du Jour le Plus Long (mais en bois). Là j'avoue que j'ai un doute sur l'historicité du truc. Donc les français débarquent sous les flèches angloises (ben oui, les français sont bêtes ils ne s'assurent pas que la falaise qui surplombe la plage n'est pas bourrée d'archers), là on se croirait dans Il faut sauver le soldat Ryan avec les flèches transperçant l'eau et les andouilles de français coulant à cause de leur matériel trop lourd. A noter que les boucliers des français font étrangement penser aux boucliers normands, là aussi je me demande si c'est bien adapté à l'époque... Ces bourrins de français se font alors surprendre par la cavalerie anglaise et se font bien entendu massacrés sans opposer une grosse résistante (au temps pour la belle bataille finale pleine de suspense). Je vous passe les archers anglais qui se déplacent à cheval et qui chargent avec les chevaliers en cours de bataille... A noter que selon Wikipedia, le débarquement français a bien eu lieu (au moins j'aurais appris quelque chose), il était dirigé par le fils de Philippe Auguste, Louis, qui avec l'aide du clergé anglais parvint bien à prendre Londres! C'est la première fois que j'entends ainsi parler d'une conquête, même éphémère, de l'Angleterre par la France. On passera le fait que cette défaite anglaise est transformée en grande victoire dans le film (mais non puisqu'on vous dit que seuls les français sont chauvins).
C'est donc déjà assez mauvais comme cela mais Scott a décidé de faire encore pire. Marianne (oui, oui, vous lisez bien) participe à la bataille en armure et mène au combat les orphelins de Sherwood sur des poneys! Non, je ne sais pas à quoi carbure le réalisateur mais on atteint vraiment le fond avec ce final complètement raté et débile.

Pour conclure, ce Robin des Bois aurait pu être un bon film mais il est irrémédiablement gâché par la bataille finale que je n'arrive vraiment pas à comprendre tellement elle est ridicule et sans suspense. Un vrai gâchis.

Comments

[farnor]

Les choix scénaristiques divergeant de l'Histoire tel que les différentes versions nous l'ont montré sont trop important à mon gout. Par moment, j'ai eu l'impression de voir un film sans relation avec le titre connu. Même la version avec Kevin Costner ne m'a pas fait cet effet.

Les dernières minutes rattrapent (très peu) la bataille finale. La réaction de Prince Jean (j'ai du mal à l'appeler roi) à la fin de la bataille et son discours sur la dernière scène permette de raccrocher le film à l'Histoire de Robin des bois.